Herpès, Pityriasis...
Pityriasis (et furfur)
La dermatologie est une curieuse spécialité. Non pas tellement parce que les maladies sont innombrables mais parce que le vocabulaire paraît incompréhensible.
Pour ouvrir un dialogue fructueux aussi bien avec les médecins non dermatologues qu'avec les membres des autres professions concernées par la peau, ses imperfections ou maladies, il m'a donc semblé commode de commencer par décrypter les mots les plus usuels de la dermatologie.
Commençons par le mot pityriasis. Il pose d'abord un problème d'orthographe. Ou mettre le Y ? Le moyen le plus simple de s'y retrouver consiste à penser au mot anglais « pity » qui signifie pitié.
Cela posé le mot pityriasis n'a rien d'anglais : il provient d'une racine grecque et signifie tout simplement « comme du son » Non pas le son que l'on écoute mais celui que l'on donne à manger aux ânes !
Il y a donc pityriasis lorsqu'il y a fine desquamation pouvant évoquer des pellicules de son.
On parle donc de pityriasis capitis et on le qualifie volontiers de gras lorsqu'il y a des pellicules sur le cuir chevelu ou lorsque ces pellicules sont visibles sur les vêtements sombres.
On parle de pityriasis rosé de Gibert lorsqu'est survenue sur la peau une éruption évoluant progressivement et qui est faite de plaques arrondies multiples rosées et desquamant discrètement comme l'avait noté il y a longtemps Gibert.
On parle de pityriasis versicolor lorsque des taches brunes sur fond clair ou claires sur fond brun s'accompagnent d'une discrète desquamation.
Ce pityriasis versicolor est une mycose due à malassezia furfur ;
Bonne occasion pour signaler qu'en latin pityriasis se dit furfur !
On comprend alors que pityriasis a pour équivalent furfuracé ; et que l'on pourrait avoir un furfur rosé de Gibert aussi bien qu'un malassezia pityrias
Herpès
Qu'est-ce que l'herpétologie ? C'est la science qui étudie… les serpents. Pourquoi alors une maladie de la peau et des demi-muqueuses hyper banale a-telle pris pour nom : herpès ? Pensait-on, il y a longtemps que cette affection pouvait être causée par une morsure de serpent ? Ou qu'elle ressemblait à une morsure de serpent ?
Rien de tout cela.
La dermatologie, pour des raisons évidentes, a été la toute première branche de la médecine dont on a pu décrire les lésions elles-mêmes, directement visibles. Mais pour nommer ces lésions une description statique souvent ne suffisait pas. Il fallait donner aussi une indication évolutive. On a donc donné le nom d'herpès à toute une série de maladies qui avaient en commun de se déplacer en ondulant à la surface de la peau, à la manière d'un serpent.
Pour nous herpès évoque immédiatement origine virale. Pour nos grands anciens, le mot herpès signifiait : dermatose ondulant sur ses bords.
Sous le label herpès ont donc été réunis : l'herpès circiné, qui est une mycose à dermatophytes, l'herpès gestationnis qui est une maladie inflammatoire de la grossesse, l'herpès peri-orificiel qui est une infection à virus.
Cela posé, l'herpès viral récidivant n'est pas seulement péri-orificiel. Lorsqu'un malade dit avoir eu six ou sept zonas de la fesse, la correction diagnostique est immédiate : ce ne peut être qu'un herpès.